Le graphite nouvel OR noir

Ni l’or ni le pétrole ne peuvent rivaliser avec cette ressource rare de plus en plus indispensable à nos produits. La bataille pour sécuriser les approvisionnements en graphite s’annoncent dantesques et la Chine vient de sonner l’alerte. On vous raconte :

Pour poser le débat, il suffit de savoir que l’on ne peut pas à ce jour fabriquer de batteries électriques pour nos voitures sans graphite.

Si une batterie est composée de nickel et autres cobalts, le composant le plus important en termes de volume reste le graphite avec, entre 50 et 100 kilos de graphite pour une seule batterie, et donc pour une seule voiture.

Le marché mondial consomme de 1,3 à 1,4 million de tonnes. La demande de graphite naturel continue de grimper et l’explosion des offres de voitures électriques risque fortement de provoquer une pénurie.

Le graphite plus prisé que l’or ou le diamant.

Le graphite, un minéral cristallin de carbone. Un matériau exceptionnel aux propriétés uniques. Son extraction se réalise dans des mines à ciel ouvert ou souterraines. Le minerai est ensuite écrasé, trié et purifié pour obtenir une poudre fine. La Chine est le principal producteur mondial, suivie par l’Inde et le Brésil.

Le graphite possède une conductivité électrique et thermique exceptionnelle, ce qui en fait un composant essentiel dans l’industrie électrique. Il est utilisé dans la fabrication d’électrodes pour les fours à arc électrique et les batteries au lithium-ion, qui alimentent nos gadgets quotidiens.

Il est également essentiel dans l’industrie automobile, où il est employé dans les systèmes de freinage et d’embrayage, améliorant ainsi l’efficacité énergétique des véhicules.

L’exportation du graphite depuis Pékin est désormais soumise à un permis d’autorisation.

Pékin a en effet indiqué fin octobre, que l’exportation hors de Chine de cet élément serait désormais soumise à un permis spécifique. La Chine est un fournisseur important pour ce matériau essentiel. En effet puisqu’elle fournit les 2/3 du marché mondial et pèse encore davantage à hauteur de 90% pour le raffinage de ce composant.

Autant dire que le monde est très dépendant de Pékin sur l’approvisionnement en graphite et la stratégie est claire et assumée. La Chine a pris il y a quelques mois des mesures identiques pour le gallium, une terre rare très prisée des fabricants de semi-conducteurs ou des fabricants de cartes électroniques. Le gallium est aussi utilisé dans la fabrication des panneaux photovoltaïques.

Vous l’aurez compris, la Chine a des moyens de pression qui pèsent dans la guerre économique qui l’oppose aux autres continents.

Une situation qui a pour origine nos errances politiques en matière de collaboration avec le continent Africain notamment. La Chine a su combler le vide en misant sur une stratégie à long terme tandis que nous étions confortablement installés dans nos certitudes d’une mondialisation intarissable. C’était une autre époque.

Quelles solutions pour remplacer le graphite dans nos batteries ?

Américains et Européens sont en train de développer des capacités de production du graphite synthétique. Mais en dehors du coût qui sera surement plus important, les prévisions optimistes tablent sur 2025 au mieux.

Autre piste, le silicium, qui constitue une bonne solution de remplacement. Le silicium sert aussi à fabriquer des cartes électroniques par exemple. Enfin il existe de nombreux travaux de recherches pour fabriquer des batteries nécessitant moins de terre rare mais d’ici-là, et alors que les ventes de véhicules électriques explosent, nous resterons à la merci des Chinois.